Dans son atelier des Yvelines – son ancienne buanderie -, Nathalie concocte des savons et des shampoings aux ingrédients naturels et sains. Elle leur donne des noms swahilis au parfum de son enfance.
Extraits de l’article paru dans le journal Le Parisien du 7 novembre 2025 (version numérique). Journaliste : Julie Cloris
Savonnière artisanale, Nathalie a peaufiné ses formules pendant des mois avant de quitter son poste et de se lancer à plein temps dans sa buanderie, transformée en laboratoire.
[…] Avant d’être savonnière, Nathalie a manié le droit pendant plus de vingt ans. « J’étais juriste en droit des sociétés. […] Les enfants arrivant, on a fait le choix de vivre plus loin à la campagne. » […]
« J’avais la volonté, dans ma vie personnelle, de supprimer le plastique à usage unique [des] contenants […]. Pendant le confinement, je me suis mise à faire des savons sur ma terrasse. Ma famille et mes amis sont devenus mes testeurs, je notais tous leurs commentaires » […]
Ses proches comme cobayes
Pendant deux années, les week-ends, […] Nathalie redose, allège, complète, peaufine sa « petite tambouille ». Elle fournit ses proches, « célibataires, parents avec jeunes enfants, couples plus âgés », un panel qu’elle juge, rétrospectivement, assez représentatif de la population.
[…] Son employeur engage un plan de licenciements. « Mon départ a été le premier déclencheur. J’ai cherché des CDD, parce que je voulais prendre le temps de réfléchir.
Donc pendant un an, je suis retournée à Paris, et j’ai redécouvert la joie des transports en commun », deuxième déclencheur, rit-elle.
Entre deux missions, et le soir, Nathalie se forme […] auprès de savonniers […] et travaille à la partie la plus invisible de son métier actuel : l’administratif. […]. « Toutes les recettes doivent être vérifiées par un toxicologue indépendant qui valide les ingrédients, l’intégrité de la formule, mais aussi les mentions légales sur l’emballage ». […]
« On peut ne pas aimer un de mes produits mais je suis certaine qu’il ne fera pas de mal »
Sa première demande de DIP, dossier d’information produit, prend à la juriste, pourtant rompue à ce genre d’exercice, « plusieurs mois d’allers-retours ». Outre le temps passé, et le stress, il fallait aussi les financer. […].
Finalement, toutes ces démarches, « c’est le plus contraignant, mais c’est aussi très rassurant : quand je vends un produit, on peut ne pas l’aimer mais je suis certaine qu’il ne fera pas de mal », souffle-t-elle. « C’est d’ailleurs ma principale satisfaction : quand un client rachète un produit qu’il me dit avoir aimé. Je ne vends pas de la cochonnerie », clame-t-elle avec fierté.
En janvier 2023, Nathalie est prête à créer Sabuni. Une société par actions simplifiée « parce que je voyais ça un peu plus grand qu’une autoentreprise, s’excuse-t-elle presque ». […]
La savonnerie est lancée […], la moitié [de la gamme est] non parfumés « pour les bébés, les femmes enceintes et allaitantes », l’autre moitié parfumée, à la demande expresse de ses testeurs. Nathalie exerce son art dans son ancienne buanderie, « attenante à la maison et parfaitement lessivable, comme l’exige la réglementation ». […]
Elle montre tout sur Instagram
Pour faire du savon, il faut du gras et de la soude caustique […].
Nathalie les mélange par saponification à froid. […] « Ce procédé permet que les huiles conservent leurs propriétés », et leur bénéfice pour la peau. […] Un savon du commerce, vendu très peu cher, […] comprend de l’huile de palme, un corps gras que Nathalie se refuse à utiliser pour des raisons environnementales. […]
Une fois la pâte constituée, Nathalie la coule dans des moules. […] Elle les démoule au bout de 24 heures, les découpe au fil puis les entrepose car « la réaction chimique continue de travailler pendant trois semaines », jusqu’au complet séchage.
Toutes ces étapes sont visibles sur son compte Instagram où l’artisane essaie de mettre en valeur son savoir-faire, et la passion avec laquelle elle l’exerce. « Je suis dirigeante, comptable, laborantine, commerciale, femme de ménage, mais le plus dur a été de me mettre aux réseaux sociaux. […] Je me suis beaucoup fait violence au début mais je commence à me montrer, moi, […] »
La vie d’artisan est « dévorante », lâche-t-elle. « Il faut y être prêt. Parfois, c’est nerveusement épuisant, la to-do list des choses casse-pieds à faire est un peu trop longue, mais globalement, je ressens une grande satisfaction », à faire des savons. Et quelle « fierté » de proposer des produits « sains et de grande qualité ».
« 50 heures par semaine »
[…] « Je travaille 50 heures par semaine. Je me donne encore quelques années à tâtonner, j’espère pouvoir me verser un smic d’ici à un an ». Et de glisser, d’un clin d’œil amusé : « on m’a dit que le créateur de Google avait commencé dans son garage. Mon activité ne peut que croître, non ? »
L’article est disponible dans son intégralité, pour les abonnés, sur le site du Parisien.
